Elle s’est permis ou elle s’est permise ? Revue de presse orthographique n°2
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Chaque semaine, je vous propose de revoir une règle d’orthographe grâce à des exemples d’erreurs tirés de la presse. Retrouvez une version animée en GIF sur Twitter :
Quand on conjugue “se permettre”, “permis” ne s’accorde jamais avec le sujet. C’est tout ? C’est tout.
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Au féminin, dans cette tribune du Monde, on aurait donc dû lire :
“la province Sud […] s’est ̶p̶e̶r̶m̶i̶s̶e̶ permis de recouvrir…”
https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/09/10/nouvelle-caledonie-l-embleme-national-ne-devrait-pas-etre-approprie-par-un-camp-partisan-et-encore-moins-instrumentalise-dans-une-campagne-electorale_6051657_3232.html
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Pourquoi ne peut-on pas écrire “elle s’est permise” ?
Parce que dans “se permettre”, “se” = le sujet et dans ce cas, “se” est un pronom COI et pas un pronom COD.
Rappelez-vous :
J’ai mangé des pommes, les pommes que j’ai mangéES, je les ai mangéES.
On accorde quand le COD est placé devant. Dans cet exemple avec les pommes, le COD = le pronom LES.
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Dans un article de Terra Femina, on peut lire :
“Gemma Arterton s’est permise de tacler le mythe James Bond”
https://www.terrafemina.com/article/james-bond-lassee-de-jouer-les-potiches-gemma-arterton-flingue-la-saga_a354991/1
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Gemma = s’
Gemma, elle a permis à qui ? À elle-même.
Ce “à“, c’est ce qui fait la différence entre un COD (“j’appelle Gemma”) et un COI (“je téléphone à Gemma”).
COD : D = direct, le complément est directement après le verbe
COI : I = indirect, le complément est indirectement après le verbe. Faut faire un détour, ici par le “à“.
Donc… dans “Gemma s’est permise”, le S’ = COI.
Et on fait quoi avec les COI ? Rien, on fait rien. Y a pas de règle d’accord spéciale pour le COI. Moralité : “Gemma s’est ̶p̶e̶r̶m̶i̶s̶e̶ permis”.
C’est évidemment valable pour le “je” s’il est du genre féminin : “Je me suis ̶p̶e̶r̶m̶i̶s̶e̶ permis d’entrer”
À utiliser contre tous ceux qui vous corrigent avec mépris : “Alors d’abord, on dit “je me suis permise” hein, ensuite, non tu ne te permets pas.” Ils ont tort.
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Donc, on retient : “S’est permis/se sont permis” ne s’accorde JAMAIS avec le sujet.
Une surveillante de mon lycée s’est ̶p̶e̶r̶m̶i̶s̶e̶ permis aujourd’hui de me faire une remarque sur ma tenue
https://fr.news.yahoo.com/tenue-correcte-exigee-au-lycee-ce-quil-faut-savoir-162908757.html
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La revue de presse orthographique est à retrouver chaque semaine sur Twitter et sur le blog !
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